«Mot à dire»
Devenue fin mars le premier syndicat de France, la CFDT sera un acteur clé. Leader du camp des «réformistes», elle avait adoubé la dernière mouture de la loi travail et n’est pas opposée à donner plus de pouvoir aux négociateurs à l’échelle des entreprises. Seul grand syndicat à avoir appelé à voter Emmanuel Macron pour contrer Marine Le Pen dans l’entre-deux-tours, la CFDT a toutefois durci le ton depuis son élection. «Partagez le pouvoir !» a exhorté Laurent Berger dans une lettre au Président publiée dans le Monde. Car toutes les centrales se demandent quelle place leur sera laissée dans les réformes à venir. «Il se dit pour le dialogue social au niveau de l’entreprise, mais quelle est sa conception de notre rôle au niveau national et interprofessionnel ? s’interroge Jean-Claude Mailly, secrétaire national de Force ouvrière. C’est la première question que je veux lui poser, car on a notre mot à dire sur les politiques économiques et sociales du pays.» Par ailleurs, le projet d’une «étatisation» de l’assurance chômage, qui priverait les confédérations d’une de leurs prérogatives, n’est pas de nature à les rassurer.
Pour agir vite sur sa réforme du travail, Emmanuel Macron légiférera par ordonnances. Sur ce point, les syndicats sont divisés. La CGT, qui avait appelé à faire barrage au FN sans encourager explicitement au vote Macron, exhorte «solennellement» le chef de l’Etat à «renoncer à imposer de nouveaux reculs sociaux par ordonnance ou 49.3». La CFDT, mais aussi Force ouvrière, n’y sont pas opposés par principe. «Si on est d’accord sur le fond, l’ordonnance n’est qu’un outil, juge Jean-Claude Mailly. Le problème, c’est son contenu.» Même écho chez Véronique Descacq, numéro 2 de la CFDT, au micro de France Inter. «Tout dépend de la façon dont Emmanuel Macron s’y prend pour faire son ordonnance. La CFDT souhaite que la phase législative, quelle que soit sa forme, soit précédée d’une phase de dialogue.»
Méthode
Macron a bien annoncé une concertation. Une promesse facile : cette étape, préalable à une négociation, est prévue par la loi Larcher de 2007 avant tout projet de loi en lien avec l’emploi, le travail ou la formation. Hasard du calendrier, France Stratégies (dont l’ex-président, Jean Pisani-Ferry, est l’architecte du programme d’En marche) vient de publier un rapport qui, dans la continuité de la loi El Khomri, précise la méthode de mise en place d’une commission chargée de la refonte du code du travail. Ses experts préconisent une «phase de concertation suffisante» avec les partenaires sociaux. Encore faudra-t-il qu’elle débouche sur un compromis