Avant son départ, Danone a lancé un plan social prévoyant la suppression de 900 postes en Europe, dont plus de 200 en France, rappelle la Fnaf. Le président de la République Emmanuel Macron, "par de tels choix, fait la démonstration qu'il veut poursuivre une vieille politique dans des habits à paillettes", dit-elle.
A l'inverse, la fédération FO du secteur a "salué" la nomination de Mme Pénicaud qui "a travaillé efficacement au développement du dialogue social chez Danone". La FGTA-FO "espère" qu'elle "poursuivra dans cet état d'esprit avec les partenaires sociaux afin d'éviter une crise sociale majeure", en référence à la modification du code du travail par ordonnances.
Laurent Berger, pour la CFDT, s'est réjoui de la nomination de celle qui a conseillé Martine Aubry au ministère du Travail, au début des années 1990, relevant qu'elle avait coécrit un rapport "remarquable" sur le stress au travail.
Muriel Pénicaud, nouvelle ministre du Travail, conduira dès cet été la réforme du code du travail souhaitée par Emmanuel Macron, tout en assurant le suivi de plusieurs plans sociaux.
La nouvelle ministre du Travail, Muriel Pénicaud était patronne de Business France depuis janvier 2015 et défendait également depuis maintenant trois ans les intérêts économiques de la France à l'étranger au titre «d'ambassadrice déléguée aux investissements internationaux». Au ministère du travail, elle va devoir accorder toute son énergie à la lutte contre le chômage. Pôle Emploi évalue ainsi à 635.100 le nombre de demandeurs d'emplois supplémentaires enregistrés dans ses fichiers durant le quinquennat de François Hollande. Une situation à laquelle le nouveau gouvernement entend remédier au plus vite. Le Parlement devrait voter dès juillet un projet de loi d'habilitation qui permettra à l'exécutif de réformer au pas de course le Code du travail. Durant l'été, les différents plans sociaux laissés en chantier par le gouvernement sortant devraient également imposer leur tempo à l'agenda de la nouvelle ministre. Le gouvernement se laisse ensuite six mois avant d'enclencher les plans de réformes de l'assurance chômage et de la formation professionnelle au coeur de son plan de lutte contre le chômage.
● Plusieurs plans sociaux en héritage
De l'enseigne à bas prix Tati aux boutiques André, Naf Naf, La Halle (groupe Vivarte) menacées par un vaste plan de restructuration, en passant par Aerofarm à Marseille, à son arrivée, le nouveau ministre devra gérer les nombreux plans sociaux laissés inachevés par ses prédecesseurs. Pour l'heure, la priorité devrait être donnée aux 279 salariés de l'entreprise GM&S, dont les emplois sont menacés par la liquidation imminente du site. Selon Christophe Castaner, porte-parole d'Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, l'avenir du sous-traitant automobile devrait être l'un des dossiers prioritaires du nouveau gouvernement.
● Une réforme du code du travail dès juillet
Emmanuel Macron souhaite que le Parlement vote en juillet un projet de loi d'habilitation, qui permettra à l'exécutif de réformer le Code du travail par ordonnances. Il s'agit essentiellement d'approfondir la loi El-Khomri en se concentrant, d'une part, sur la décentralisation de la négociation au niveau des entreprises, et d'autre part sur la simplification des normes.
Emmanuel Macron entend ainsi donner la priorité à l'accord d'entreprise, notamment pour fixer la durée du travail. Il ne reviendra pas sur la durée légale (35 heures) mais donnera «plus de souplesse et d'agilité» aux entreprises, ou à défaut aux branches, pour fixer, par accord majoritaire, un autre seuil de déclenchement des heures sup. Cette flexibilisation du droit du travail s'accompagnera de l'encadrement du montant des dommages et intérêts accordés par les prud'hommes pour licenciement.
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● Une réforme de la formation professionnelle pour 2018
Partant du constat que la formation professionnelle ne bénéficie pas toujours à ceux qui en ont le plus besoin, Emmanuel Macron souhaite recentrer les aides sur les plus précaires, à savoir les jeunes et les chômeurs de longue durée, dès 2018. Il fait le pari de former 1 million de jeunes peu qualifiés éloigés de l'emploi. Le nouveu président prévoit ainsi d'investir 15 milliards d'euros à l'acquisition de compétences pour ceux qui en ont le plus besoin. Le compte personnel de formation (CPF), qui recense les heures de formation acquises par le salarié tout au long de sa vie active, devrait être le levier de cette réforme. Alors que la complexité de son fonctionnement et le manque de pertinence des formations qu'il propose sont régulièrement pointés du doigt, Emmanuel Macron souhaite revenir sur la liste de certifications éligibles au CPF, en l'élargissant aux formations non certifiantes. Une manière efficace de l'ouvrir enfin aux peu qualifiés. En outre, les organismes qui dispensent ces formations devront désormais faire preuve de leur qualité, et de leur efficacité, via une labellisation.
● Une assurance chômage ouverte à tous souhaitée pour 2018
Pour Emmanuel Macron, l'État doit reprendre en main le système d'assurance-chômage géré pour l'instant de façon paritaire par les syndicats. Il appelle ainsi de ses voeux la mise en place d'un système tripartite État-Syndicats-patronat. Autre bouleversement majeur: l'assurance-chômage devrait désormais être ouverte à tous, salariés comme artisans et indépendants ou professions libérales. En outre, les salariés démissionnaires pourront désormais être indemnisés: «tous les cinq ans, chacun aura droit à l'assurance-chômage» pour changer d'activité ou développer son projet professionnel. Ces différentes mesures visent essentiellement à favoriser la mobilité des travailleurs, et donc à fludifier le marché de l'emploi. En contrepartie, le contrôle sera renforcé pour éviter les abus, et les chômeurs pourront refuser un emploi, mais pas deux. Cette vaste refonte de l'assurance chômage devrait être enclenchée au plus tard début 2018.