Principaux éléments de la Note de conjoncture de l’Insee
« Un environnement international favorable »
Selon l’Insee : « L’environnement mondial est resté porteur cet été et devrait le rester d’ici mi-2018 ».
« Dans la zone euro, le climat des affaires est au plus haut depuis 17 ans : les incertitudes politiques en Europe, avec la crise catalane, la constitution laborieuse d’une majorité de gouvernement en Allemagne ainsi que les élections à venir en Italie, ne semblent pas pour l’instant affecter le moral des entrepreneurs ».
« L’activité, soutenue entre autres par un investissement solide, resterait donc robuste dans l’ensemble de la zone euro d’ici la mi-2018 (+0,6 % fin 2017, puis +0,5. % par trimestre), alors que certains pays commencent à voir apparaître des tensions dans leurs appareils productifs, en particulier l’Allemagne ».
Une amélioration de la situation en France
Selon l’Insee, « La France ne ferait pas exception à ce mouvement d’ensemble : la croissance annuelle atteindrait +1,9 % en 2017 ». Et ce rythme se poursuivrait en 2018.
Selon l’Insee, les facteurs explicatifs de cette prévision sont les suivants : bon « climat des affaires », retour des touristes, hausse des investissements public et privé (entreprises, ménages) et hausse de l’emploi.
« Climat des affaires » : « Le climat des affaires progresse continûment depuis fin 2016 et il a atteint en novembre 2017 son plus haut depuis début 2008. Les différents secteurs sont à l’unisson, qu’il s’agisse de l’industrie, des services marchands (qui continuent à bénéficier, entre autres, du retour des touristes), ou de la construction. »
Exportations : « Grâce aux produits agricoles et au tourisme, le commerce extérieur cesserait mi-2018 de peser sur la croissance ». L’Insee souligne cependant que « les exportations dépendraient certes des à-coups des secteurs aéronautique et naval et le déficit des échanges de produits manufacturés se creuserait encore un peu ».
Investissement :
« Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à déclarer des difficultés d’offre et leurs dépenses d’investissements ne faibliraient donc pas. »
Quant aux ménages, « leurs dépenses d’investissement accéléreraient franchement en 2017, mais ralentiraient un peu mi-2018, en ligne avec la stabilisation des ventes de logements neufs observée ces derniers mois. »
Enfin, selon l’Insee : « L’investissement public se replierait de nouveau en 2017, pour la cinquième année consécutive. Cependant, dans les travaux publics, les entreprises signalent une nette reprise de leurs carnets de commandes publics, d’autant plus que les dépenses liées au Grand Paris Express montent en charge. En outre, les dépenses d’équipement rebondiraient : au total, l’investissement public renouerait avec la croissance en 2018 et son acquis atteindrait +2,3 % à mi-année. »
Consommation des ménages : « Les ménages bénéficieraient quant à eux de revenus d’activité dynamiques.
La hausse de l’inflation et les effets de calendrier des mesures fiscales brideraient temporairement leur pouvoir d’achat pendant l’hiver, faisant plier leur consommation, mais elle ne romprait pas : les ménages diminueraient leur taux d’épargne en anticipant une amélioration de leur pouvoir d’achat fin 2018. »
Emploi : « L’économie française continuerait de générer environ 100 000 emplois marchands par semestre, tandis que l’emploi non marchand se replierait de nouveau avec la diminution des emplois aidés. L’emploi total progresserait néanmoins plus vite que la population active et le taux de chômage diminuerait un peu, à 9,4 % à l’horizon de la prévision (soit –0,1 point sur un an). »
Une sous-estimation voire négligence des faiblesses structurelles de la France
Dans un contexte international favorable et malgré la remontée de l’euro, d’après l’Insee la croissance du « produit intérieur brut » (PIB) en France serait de l’ordre de 2 % l’an, ce qui est plus élevé que les années précédentes. Pour autant, plusieurs facteurs invitent à relativiser l’optimisme affiché de l’Insee.
Tout d’abord, il faut souligner que le taux de croissance en France reste en-deçà de celui de la zone euro (2,4 %).
La reprise actuelle résulte de facteurs favorables dont la perpétuation n’est nullement assurée à moyen terme : la politique monétaire expansionniste de la Banque centrale européenne qui autorise des taux d’intérêt faibles risque de ne pas perdurer ; idem en ce qui concerne « l’environnement international porteur » ; en particulier, le prix du pétrole pourrait augmenter.
La consommation des ménages, qui a été le principal moteur de l’économie française ces dernières années, ne progressera que faiblement, car le pouvoir d’achat va être obéré par la hausse de la CSG et de certains prix (tabac, produits pétroliers). Selon l’Insee, la consommation serait soutenue par une baisse du taux d’épargne, dont la perpétuation n’est pas garantie. D’autant que tous les ménages n’arrivent pas à épargner.
L’emploi, qui n’augmentait déjà pas suffisamment pour assurer une baisse vraiment significative du chômage, donne des signes de fléchissement : l’emploi marchand est moins dynamique et l’emploi non marchand (secteur public, associations…) régresse.
De plus, l’augmentation quantitative de l’emploi est largement imputable à l’emploi précaire et à l’auto-entreprenariat, au contraire de l’emploi stable (surtout industriel et public).
Le commerce extérieur apporte encore et toujours une contribution négative à l’économie, ce qui s’explique pour l’essentiel par l’affaiblissement industriel du pays ; le redressement envisagé du commerce extérieur en 2018 serait surtout imputable à l’agriculture et au tourisme.
En effet, le solde des échanges des produits manufacturés (qui expliquent deux tires des importations et exportations françaises) demeure largement déficitaire. En 2017, les exportations de ces produits augmentent de 3,7 % et les importations de 6,3 %. Ceci veut dire qu’à cause de la désindustrialisation, pour exporter, les entreprises françaises doivent importer davantage.
Les contraintes budgétaires et financières auxquelles le gouvernement souscrit entravent toute politique économique active et positive ; au contraire, à l’austérité budgétaire s’ajoute la pression accrue sur les collectivités territoriales et les associations, entre autres, alors que celles-ci jouent un rôle important pour l’investissement et l’emploi.
Enfin, il faut rappeler que les mesures fiscales décidées vont profiter aux riches et vont peser sur les salariés, les retraités et les privés d’emploi.
Le décalage de calendrier accentue ce problème. Ainsi, la CSG augmentera dès le 1er janvier 2018, tandis que la baisse des cotisations (choix néfaste pour la Sécurité sociale) interviendra en janvier et en octobre.
Au total, selon l’Insee, les prélèvements sur les ménages augmenteront de 4,5 milliards d’euros en 2018. Compte tenu de la suppression de l’ISF et de la baisse de la taxation des revenus du capital, cette hausse sera portée principalement sur les autres ménages.