Communiqué de Presse FNSCBA CGT mai 2018

Communiqué de Presse FNSCBA CGT mai 2018

Néanmoins, nous ne pouvons que constater une occasion manquée pour la construction d’une Europe sociale. En effet, la nouvelle directive adoptée ne reconnait toujours pas la protection des travailleurs comme élément essentiel de la relation de travail et reste dans sa logique de protection du marché unique, vision mercantile et capitaliste de la construction européenne.

 

De notre analyse, cette nouvelle directive légalise les pratiques de dumping social mettant même à mal le sacro-saint concept de la « concurrence loyale au sein de l’Union ». Ainsi, si l’application en France de la directive de 1996 permettait théoriquement de calculer les indemnités transport, logement et repas des travailleurs détachés en fonction de la législation française, avec la nouvelle directive ces indemnités relèveront désormais de la législation du pays d’origine ce qui, de toute évidence, ne sera pas à l’avantage des travailleurs puisque plusieurs Etats membres n’ont aucune obligation liées à ces indemnités.

 

De plus, aucune disposition pour responsabiliser la chaine de sous-traitance, aucune disposition pour lutter efficacement contre la fraude au détachement, aucune disposition renforçant le contrôle national et transnational des situations de détachement, aucune disposition réelle renforçant la liberté d’organisation et de syndicalisation des travailleurs détachés…. Et comment interpréter l’exclusion de la nouvelle directive du secteur transport (particulièrement impacté par la concurrence déloyale) ?

 

Notre déception est à la hauteur des espoirs que nous avions à la lecture du texte issu du Parlement Européen. Celui-ci, lors de son passage au Conseil, a perdu toute portée sociale. Nous nous interrogeons donc sur le rôle ou sur la capacité d’influence de notre Président au sein de cette instance européenne. Président qui s’est félicité de la limitation à 18 mois de la période maximale de détachement alors même que la durée moyenne du détachement en France est de 47 jours !!

 

Toutefois, nous espérons que la transposition de la directive dans notre droit national permettra de limiter les impacts négatifs que nous avons relevés. D’ici là, le gouvernement a la latitude nécessaire pour mettre en place des dispositifs et outils luttant contre la fraude au détachement notamment en renforçant la responsabilité des donneurs d’ordre, en limitant la sous-traitance en cascade et en donnant les moyens humains et financiers aux organismes de contrôle.