Un cadre de la CGT-Construction poursuivi à Paris dans le procès dit "des confettis et de la peinture à l'eau" l'opposant au patronat du secteur a été relaxé lundi en appel.
Le prévenu de 54 ans avait participé en avril 2014, avec une trentaine d'autres militants de la CGT-Construction, à une action surprise au siège de la Fédération française du bâtiment (FFB) pour dénoncer "un mort par jour travaillé" dans la profession et revendiquer un départ à la retraite à 55 ans.
En première instance en 2016, Philippe Christmann avait été reconnu coupable d'avoir projeté de la peinture sur des parois vitrées et "complice" de diverses dégradations (autocollants, tags et confettis jetés, mobilier déplacé, grille de sécurité abimée) "ayant entraîné un dommage léger".
Le parquet avait fait appel du jugement le condamnant à une amende de 500 euros et à verser environ 17.000 euros à la FFB (1.000 euros de préjudice moral, plus de 14.500 euros pour le préjudice matériel et 1.500 euros de frais de justice).
Le prévenu, qui a déjà payé les dommages et intérêts, n'aura pas à payer l'amende.
"Le préjudice a été indemnisé", "nos droits ont été totalement reconnus et validés par la juridiction", a commenté auprès de l'AFP Claude Vaillant, l'avocat de la FFB.
La CGT s'est de son côté réjouie de la relaxe, après avoir dénoncé pendant plusieurs mois une "criminalisation de l'action syndicale".
"La justice s'honore parce que je crois qu'elle a mieux à faire que de poursuivre des syndicalistes", d'autant qu'ici "les charges étaient minces, construites par la FFB" pour "instrumentaliser" le dossier et "diaboliser" le prévenu, a déclaré son avocate, Me Cathy Farran.
Avec cette relaxe, elle estime avoir jeté "un petit pavé dans la marre" après "une série de condamnation de syndicalistes" en correctionnelle.
"Comment on aurait pu condamner une personne seule sur une action collective décidée par une organisation?", a réagi Serge Pléchot, secrétaire général de la CGT-Construction, en faisant part de son "soulagement". "Ça remet dans le droit chemin ceux qui nous ont attaqués", a-t-il commenté.
Quant au prévenu, il a évoqué une "grande victoire" pour son syndicat et "surtout pour les salariés" qu'il défend. La justice n'est "pas restée insensible" à son engagement sur "la pénibilité, les accidents et les morts au travail", a-t-il dit à l'AFP.
Présent à ses côtés, Philippe Juraver, spécialiste des questions sociales à La France insoumise, a estimé que la relaxe allait "redonner espoir pour les luttes syndicales", alors que "systématiquement les syndicalistes tombent en correctionnelle".