Du 28 mai au 8 juin se tenait à Genève la 107e conférence de l’Organisation Internationale du Travail. Rassemblant plus de 4000 délégué.e.s du monde entier, représentant les travailleurs.ses, les employeurs et les gouvernements, cette conférence avait pour principal enjeu la discussion d’une convention contre les violences et le harcèlement dans le monde du travail. La CGT y représentait les salarié.e.s français.es. À l’issue de 2 semaines de négociations tripartites (travailleurs.ses, employeurs et gouvernements), le principe d’une convention contraignante accompagnée d’une recommandation protégeant notamment des violences fondées sur le genre a été validé. Son contenu a été négocié dans les détails et sera finalisé en juin 2019, à l’occasion du centenaire de l’OIT.
Il s’agit d’une première étape importante, gagnée grâce à la campagne contre les violences sexistes et sexuelles lancée par la Confédération Syndicale Internationale 4 ans avant #metoo. Il s’agissait d’abord de gagner une convention contraignante, alors que les employeurs n’ont de cesse de remettre en cause le caractère normatif des textes de l’OIT et qu’il n’y a pas eu de convention adoptée depuis près de 10 ans par l’OIT.
L’objectif était ensuite d’avoir un texte de haut niveau, avec une approche inclusive et intégrée faisant le lien entre les violences au travail et les violences intra-familiales, pour en faire une grande avancée pour les droits des femmes du monde.
La mobilisation et le sérieux des organisations syndicales comme la prise de conscience de l’opinion publique ont été des leviers pour gagner le soutien d’une majorité de gouvernements du monde. L’interpellation et la mise sous pression d’Emmanuel Macron initiée par la CGT ont permis que la France se positionne clairement en faveur d’une convention contraignante de haut niveau et entraîne avec elle l’Union Européenne. Ceci, ajouté au soutien du continent Africain, du Canada et de certains pays d’Amérique Latine, a marginalisé l’opposition frontale manifestée par les employeurs.
La convention et la recommandation doivent maintenant être finalisées durant l’année 2018/2019 et négociées puis validées en juin 2019, à l’occasion du centenaire de l’OIT. Nous avons gagné une première étape mais rien n’est acquis. Le seul moyen d’empêcher les tentatives de torpillage ou d’affaiblissement de la convention est de sortir ces négociations de l’opacité pour qu’elles aient lieu sous contrôle des opinions. Après la vague d’indignation et de mobilisation suscitée par #metoo, l’adoption de cette convention doit démontrer que gouvernements, syndicats et employeurs se donnent collectivement les moyens d’éradiquer les violences dans le monde du travail. La CGT, avec la Confédération Syndicale Internationale, les ONG et les associations féministes, restera très mobilisée pour que les travaux soient menés à leur terme et que des droits soient enfin mis en place pour protéger les travailleuses et travailleurs du monde contre le harcèlement et les violences. Commencera ensuite, après juin 2019, la phase de ratification de la convention par les États, lors de laquelle les organisations syndicales sauront rappeler aux gouvernements leurs discours et engagements.
Voir les comptes rendus journaliers des séances rédigés par la CGT : http://www.egalite-professionnelle.cgt.fr/en-direct-oit/
Le projet de convention amendé et adopté par la conférence sera mis en ligne dans la journée sur le site de l’OIT.