Conflit distribution: courriers aux têtes de groupes

Conflit distribution: courriers aux têtes de groupes

Madame Isabelle KOCHER
Directrice Générale
ENGIE
Tour T1 – 1 Place Samuel de Champlain
92930 PARIS LA DÉFENSE Cedex
Madame la Directrice Générale,


Depuis quelques semaines un mouvement social est grandissant au sein de la filiale de distribution de
gaz GRDF.
La question de l’avenir du service public est au cœur des préoccupations des salariés de GRDF. Les
besoins d’augmentation des effectifs, notamment concernant le gréement des équipes au minimum
technique pour assurer l’astreinte, ou encore les investissements en matériel pour assurer les missions
de service public sont revendiqués par les salariés de GRDF, et notamment les jeunes qui demandent
une juste reconnaissance de leurs engagements au quotidien par l’amélioration de leur rémunération
ou la reconnaissance du développement de leurs compétences et qualifications grâce au
reclassement.
Les salariés ne sont pas dupes des écarts de classement ou de salaire existants entre les entreprises
du groupe ENGIE sur des métiers ou responsabilités similaires. Comment est-il acceptable que dans le
groupe ENGIE, qui plus est entre entreprises des IEG, un salarié ayant de l’autonomie et des
responsabilités de sécurité soit encore classé en exécution à GRDF ? Comment est-ce acceptable que
la filiale de distribution GRDF ait des taux d’avancements en deçà de la moyenne des autres
entreprises IEG du groupe ENGIE ?

Vous le savez, tout autant que nous, le financement de GRDF est assis sur l’ATRD5 qui lui permet
d’assurer ses missions de service public et de rémunérer ses salariés. La politique de GRDF, en lien
avec ENGIE SA, est de réduire les dépenses pour « battre le tarif » : au lieu d’utiliser l’ATRD5 pour
investir dans les moyens humains et les compétences, les marges supplémentaires sont reversées en
dividendes aux actionnaires. Nous avons régulièrement dénoncé la remontée de dividendes excessifs
au regard des besoins du service public de la distribution du gaz. D’ailleurs le dernier rapport Oxfam
pointe clairement la politique de dividendes d’ENGIE comme scandaleuse. GRDF permet ce versement
de dividendes illégitimes par les demandes de remontées financières exceptionnelles. En 2017, c’est
plus d’un milliard d’euros de remontées pour 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 150 millions de
résultat net distribuable. Il s’agit d’un hold-up sur l’ATRD5 et sur l’amélioration potentielle du pouvoir
d’achat des salariés de GRDF ! Cela relève du sabotage de GRDF, entreprise de service public, qui
d’ici 3 ans, à ce rythme, ne pourra plus remonter au groupe de remboursement de prime d’émission et
donc sera en difficulté pour répondre à vos exigences alors que vous affichez clairement dans votre
stratégie de vous séparer des filiales non rentables. Tous ces moyens financiers détournés ne servent
pas le service public du gaz et la sécurité. Ainsi, par exemple, les investissements prévus en 2017 en
matière de modernisation des ouvrages ne sont pas réalisés (- 10%, 236 ME au lieu de 260 ME).
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Aujourd’hui ce sont les salariés de GRDF qui vous interpellent sur leurs conditions de travail et de
rémunération par la multiplication des piquets de grève.
La direction de GRDF botte en touche sur la quasi intégralité des revendications des salariés ou
renvoie, aux responsabilités de la branche, les questions de rémunérations. Il n’est plus acceptable
pour les salariés que les questions de rémunérations soient en permanence renvoyées à d’autres
niveaux de responsabilités laissant croire que l’entreprise GRDF ne peut pas avoir de politique de
rémunération.
Il est grand temps que les questions de rémunérations et de classifications à GRDF soient
renégociées. En choisissant de ne pas écouter la colère légitime des salariés en grève, la direction de
GRDF effectue le choix de la rupture du dialogue social. Il est grand temps que des négociations
s’ouvrent.
Madame Kocher, en votre qualité de directrice générale du groupe ENGIE, nous vous demandons
d’intervenir pour que des négociations portant sur les rémunérations et les classifications à GRDF
s’ouvrent dans les plus brefs délais.
Dans l’attente de vous lire,
Nous vous prions d’agréer, Madame la Directrice Générale, l’assurance de notre considération
distinguée.

Le Secrétaire Général,
Sébastien MENESPLIER