Lutter contre le réchauffement climatique implique une rupture avec le système capitaliste
Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) a publié son nouveau rapport sur les conséquences irréversibles pour l’humanité et la biodiversité du réchauffement climatique s’il n’était pas contenu en deçà de 1,5°C.
Pour tenir cet objectif, les trajectoires d’émissions devront baisser de 45% en 2030 et atteindre la neutralité carbone autour de 2050.
Les scénarios envisagés ne sont pas simples. Les quatre examinés font varier les hypothèses de demande énergétique, d’efficacité énergétique, d’utilisation de techniques comme le captage et stockage de Co2...
Ce qui conduirait à de fortes transformations par secteurs :
• concernant l’énergie, tous les scénarios impliquent une forte baisse du charbon (de -73 à -97% d’ici 2050 dans la part de production d’énergie primaire), de pétrole (de -32 à -87%). Pour le gaz, seul un scénario prévoit une hausse, les autres tablant sur une forte baisse (de -48 à -74%). Le nucléaire dans la production d’énergie primaire passe de +98 à 468%.
• concernant l’électricité, la part des énergies renouvelables varie de 63 à 81% en fonction des scénarios.
• Industrie : les émissions de CO2 devraient être réduites de 75 à 90% en 2050.
• Villes et Infrastructures : un changement des pratiques dans l’aménagement des territoires ; pour les bâtiments, la part d’électricité dans la demande devrait diminuer de 55 à 75% en 2050 ; pour les transports, la part de l’énergie finale basses émissions devrait passer de 5% en 2020 à 35 à 65% en 2050.
• Utilisation des Terres : convertir des terres dédiées au pâturage et aux cultures vivrières vers des cultures énergétiques ainsi qu’augmenter la surface des forêts de 10 millions de km2 d’ici à 2050.
Or, le 9 octobre, le Conseil Environnement de l’UE des 28 États a échoué à relever l’ambition climat de l’Europe (réduire de 45% et non plus de 40% les émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030).
Il s’agit d’un mauvais signal lancé par les décideurs politiques pour celles et ceux qui attendent des actions concrètes pour contenir le réchauffement climatique. Par contre, cet échec du Conseil Environnement répond pleinement aux attentes de Pierre Gattaz, nouvellement à la tête de Business Europe (le Medef européen), qui s’est opposé à relever l’ambition climat de l’Europe, argumentant que la compétitivité des entreprises allait être pénalisée (cette fameuse compétitivité des entreprises qui ne sert qu’à engranger des dividendes !). Et là est finalement le problème !
Comment envisager une modification profonde de notre société qui réduirait son empreinte carbone, ses émissions de gaz à effet de serre, protégerait la biodiversité, lorsqu’il n’est jamais évoqué de rompre avec le type de développement qui a généré ces conséquences ?
Tant que le profit primera sur la réponse aux besoins, que les intérêts privés primeront sur l’intérêt commun des populations, le libre-échange et la concurrence sur la coopération internationale, tant que les décideurs politiques seront à la solde du grand capital, ne nous racontons pas d’histoires verdissantes !
Le rapport du GIEC conforte les analyses de la CGT sur la nécessité de prendre sans délai les mesures qui permettront de rendre la planète vivable pour tous.
Concernant notre pays, cela signifie mettre en place un autre mode de développement avec une réindustrialisation pour rapprocher la production des besoins, favoriser une économie plus circulaire avec une véritable valorisation de la matière.
Une meilleure efficacité énergétique, cela concerne l’isolation des bâtiments en tenant les objectifs et la qualité mais, aussi, la question des transports, alors qu’aujourd’hui les émissions de GES de la France sont reparties à la hausse. Cela conforte la bataille des cheminots autour du fret ferroviaire, du développement des lignes ferroviaires et des transports collectifs du quotidien.
Sur la production d’énergie, le rapport du GIEC confirme, dans tous ses scénarios, la nécessité d’utiliser l’énergie nucléaire avec les énergies renouvelables pour passer le cap. La France qui possède des compétences en la matière a donc une responsabilité particulière. D’ailleurs, les énergéticiens mènent bataille pour donner un avenir à une filière nucléaire de haut niveau.
Dans tous ces domaines, la recherche et les investissements sont la pierre angulaire de bien des problèmes, alors que notre pays est à la traîne en la matière.
Plus que jamais, les enjeux climatiques impliquent des décisions énergiques et démocratiques de notre pays et donc encore plus de maîtrise publique et d’appropriation sociale. La transition juste et solidaire doit se traduire en actes, pas en paroles !
C’est le chemin inverse que trace le gouvernement, comme dernièrement dans la loi Pacte.