La CGT fait de solides propositions contre la pauvreté

La CGT fait de solides propositions contre la pauvreté

La CGT fait de solides propositions contre la pauvreté

Organisations syndicales et associations participent mercredi 17 octobre, comme chaque année, à une journée de lutte contre la misère. La veille, la CGT a présenté à la presse ses propositions concrètes, aux antipodes de la politique gouvernementale.
Des chiffres qui disent l’urgence« Dans notre pays 8 800 000 personnes, soit 14% de la population, vivent en 2017 sous le seuil de pauvreté monétaire avec moins de 1026 euros par mois », dont un enfant sur cinq, rappelait Fabrice Angéi.  Et de souligner que plus d'un tiers des personnes touchées par la pauvreté sont des travailleurs pauvres, plus d'un million sont des retraités. La pauvreté « a atteint une telle ampleur qu'elle touche non seulement les catégories les plus défavorisées, mais également, des couches sociales qui bénéficiaient, il y a peu de temps, d'une relative stabilité de l'emploi, d'un revenu et d'un travail décent », a-t-il précisé.

Comme chaque année, la CGT participe ce 17 octobre à la Journée internationale du refus de la misère, avec d'autres organisations et associations telles qu'ATD quart-monde. Au-delà du rassemblement organisé à Paris au Trocadéro (parvis des Droits de l'homme et des libertés) sur un thème qui invite à passer « de la déclaration à l'action », la confédération défend une série de propositions, à la fois pour répondre à l'urgence et pour s'attaquer aux causes structurelles de la pauvreté. Elle les a exposées lors d’une conférence de presse le 16 octobre à laquelle participaient Fabrice Angéi, Corinne Verzeletti (secrétaires confédéraux) et Alain Alphon-Layre (conseiller confédéral).

La politique gouvernementale favorise pauvreté et inégalités

Il y a d'autant plus urgence que si Emmanuel Macron a présenté, le 13 septembre dernier, un plan censé lutter contre la pauvreté, toute la politique qu'il met en œuvre ne fait au contraire que la générer et la nourrir.

Ainsi de la loi Travail qui, en détricotant le droit du travail, précarise les salariés, favorise leur ubérisation et restreint en même temps leurs droits de recours. Ainsi de la réduction drastique des services publics, qui s'avèrent pourtant un amortisseur irremplaçable des conséquences de la crise. Ainsi des attaques contre les transports publics, contre l'accès au logement. Ainsi des suppressions de postes de conseillers à Pôle emploi, ou à la CAF, ou encore des restrictions en matière de prestations sociales ou de pensions, tandis que l'ISF est remis en cause et que le CICE est pérennisé à coups de dizaines de milliards d'euros…

Travail et salaire décents : indispensables

Les premières propositions de la CGT concernent donc le travail, sa reconnaissance et sa rémunération. Ainsi, elle revendique une revalorisation du Smic à 1800 euros brut pour une première embauche sans diplôme ni qualification, comme point de départ de toute la grille salariale. Cela s'accompagne de la revendication d'un nouveau statut du travail salarié « garantissant à chacune et chacun des droits individuels et transférables » d'une entreprise et d'une branche à l'autre, s'appuyant sur un socle de garanties interprofessionnelles élevées avec la mise en place d'une sécurité sociale professionnelle.

Pour la CGT, « dans la poursuite du bien commun et de l'intérêt de l'ensemble des populations, la collectivité nationale a un devoir de solidarité concernant ceux qui ne peuvent exercer ce droit au travail de façon durable ou momentanée ».

L'insertion -professionnelle et sociale- demeure aussi pour la confédération un enjeu majeur, et elle réclame que celle-ci devienne un thème de négociation collective. Dans ce cadre, les salariés qualifiés de « sans-papiers » doivent accéder aux droits de salariés grâce à des mesures législatives et réglementaires leur permettant des conditions de vie décentes. De même est-il urgent de sortir les travailleurs handicapés de la précarité et de l'exposition massive au chômage, insiste la CGT.

La lutte contre la pauvreté suppose des droits reconnus

La confédération développe d'autres revendications en faveur de droits enfin reconnus : droits « à un revenu de remplacement décent pour toutes et tous », « à une éducation et une formation permanentes émancipatrices », « à une protection sociale garantie par la sécurité sociale » avec le retour à la retraite à 60 ans à taux plein ; « au logement pour toutes et tous », « à l'énergie », « à la culture et au sport », « aux transports ». Précisément parce que l'égalité des droits contribue à sortir de la pauvreté, au bénéfice des premiers concernés comme de toute la société.

Accompagnement

La confédération de Montreuil revendique un droit à l'accompagnement, par des professionnels qualifiés, reconnus et en nombre suffisant, dans le cadre d'un vrai maillage de proximité.

« Trois millions de personnes n'auraient pas fait valoir leurs droits au dispositif d'aide à l'accès aux soins et un tiers de ceux ou celles qui auraient droit au RSA n'engagent pas la démarche pour en bénéficier », constate la CGT.

Enfin, une attention particulière doit être portée à l'Inclusion bancaire et à la lutte contre le surendettement. La CGT propose notamment de ce point de vue la mise en place d'un système de « micro-crédit » spécifique, sécurisé et encadré.

Territoire zéro chômeur

Lutter contre le chômage et contribuer à ce que les privés d'emploi bénéficient de leurs droits est pour la confédération un incontournable, au quotidien.

« La CGT est la seule organisation syndicale à organiser les chômeurs au moyen des comités de privés d'emplois et précaires. Il n'y a pas, contrairement au discours gouvernemental, les syndicats qui s'occuperaient des « insiders » et laisseraient sur le côté les « outsiders ». Du moins pas à la CGT »

Il s'agit aussi de favoriser le retour à l'emploi décent, en rejetant toute concurrence entre les salariés. C'est dans cet esprit que, comme l'explique Fabrice Angéi, « des organisations de la CGT se sont inscrites dans l'initiative Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée qui consiste à proposer à tout chômeur de longue durée volontaire un CDI à temps choisi censé ne pas faire concurrence à des emplois existants. Il s'agit, pour notre part, d'éviter toute dérive, toute niche nouvelle à précarité et de permettre aux personnes l'accès à un emploi digne et à une insertion sociale. C'est pourquoi nous réclamons un bilan de cette expérimentation. »

C'est dans ce cadre que l'Union départementale de Meurthe et Moselle organise le 13 décembre prochain à Nancy une initiative sur le sujet. À suivre donc.