La question du prix du carburant et de l'ATP posé au président

La question du prix du carburant et de l'ATP posé au président

Pendant toute la semaine, de Strasbourg à Compiègne, le président de la République va à la fois rendre hommage aux héros de la guerre 1914-1918 et rencontrer des Français, des acteurs économiques, des élus locaux. Au moment de se lancer dans cette itinérance, il explique le sens qu’il veut donner à ces commémorations et répond aux interrogations des Français sur sa politique. Que ce soit sur l’emploi, le pouvoir d’achat, le prix des carburants. Un vrai point d’étape du quinquennat.

Détendu, en pleine forme et surtout déterminé… Après son allocution sur le référendum de Nouvelle-Calédonie, à l’heure du café, Emmanuel Macron nous reçoit à l’Élysée avec ses conseillers. Il nous explique sa vision pour la suite du quinquennat et répond aux questions, sur les carburants notamment. Extraits.

"Je comprends l'impatience, nous faisons des choix courageux"

"Je comprends l’impatience, j’écoute la colère. On est au milieu d’une transformation profonde de notre société, qui touche le travail, la façon d’acheter et de consommer, les habitudes de déplacements. Nous faisons des choix courageux pour réussir cette transformation. Nous avons pris des mesures pour assouplir le Code du travail et favoriser l’investissement."

"Nous n’avons jamais eu autant d’investissements qu’au dernier trimestre 2017, y compris des investisseurs internationaux, ce qui confirme l’attractivité de la France et de ses territoires. Ces changements, je ne veux pas que ce soit les Français les plus modestes, les plus laborieux, les classes moyennes qui les supportent."

"Nous allons entrer dans de nouvelles formes de mobilité"

"On nous a expliqué pendant des décennies qu’il fallait acheter du diesel et maintenant, c’est le contraire. C’est normal que ce soit mal compris. J’assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle de l’essence, et je préfère la taxation du carburant à la taxation du travail."

"Nous allons entrer dans de nouvelles formes de mobilité et nous devons accompagner ces innovations ;

- Accélérer encore la transition du parc automobile ;

- Développer les transports collectifs moins coûteux que la voiture, ce que font les collectivités locales et que l’État accompagne ;

- L’aide au covoiturage et à de nouvelles mobilités. Ces priorités seront au cœur de la loi Mobilités (présentée prochainement lors d'un conseil des ministres, NDLR) ;

- J’ai demandé aussi au gouvernement de trouver de solutions pour qu’avec les employeurs, les salariés qui doivent utiliser au quotidien leur voiture puissent être aidés davantage."

Carburants : qu’est-ce que cette aide des Hauts-de-France que Macron veut généraliser ?

Mise en place depuis 2016 dans la région, l’aide au transport aux particuliers (ATP) est un chèque-carburant de 20 euros mensuels versé à ceux qui travaillent à au moins 30 km de leur domicile.

Opération déminage. Alors qu’un mouvement de protestation s’organise contre les prix des carburants, le président Macron a donné une longue interview à Europe 1. Dans cet entretien diffusé ce mardi, le chef de l’Etat a annoncé une série de mesures pour soutenir les foyers les plus modestes.

Parmi elles : la défiscalisation de l’aide au transport aux particuliers (ATP), mise en place par la région Hauts-de-France en 2016. « C’est une bonne philosophie, cette aide sera défiscalisée. Il faut qu’on avance là-dessus », a déclaré le chef de l’Etat qui souhaite voir l’ATP généralisée à toute la France.

Qu’est-ce que c’est ?

L’ATP est une aide financière de 20 euros par mois, octroyée aux personnes aux revenus modestes qui travaillent à au moins 30 km de leur domicile.

« Le montant de l’aide est fixé à 20 euros par mois pour un salarié (y compris les contrats de professionnalisation) utilisant un véhicule particulier ou un deux-roues motorisé pour se rendre sur son lieu de travail », précise le site Internet de la région Hauts-de-France. Cette somme « n’est pas cumulable avec le remboursement par l’employeur de dépenses de transports collectifs prévu au Code du Travail, ni avec la mise à disposition par l’employeur d’un véhicule de fonction ou de service ».

Le conseil régional des Hauts-de-France a mis en place ce soutien financier en 2016 pour favoriser la mobilité des travailleurs aux revenus modestes. « En 2012, la moitié des habitants de la région vivait avec moins de 18 100 euros par an, soit environ 1700 euros de moins que le niveau de vie de France métropolitaine », rappelle la région.

Qui est concerné ?

Pour être éligible à cette aide, le demandeur doit être domicilié dans les Hauts-de-France, être salarié en contrat à durée indéterminée ou en contrat à durée déterminée d’au moins un mois et utiliser un véhicule particulier ou un deux-roues motorisé pour la majorité de ses déplacements domicile - travail d’au moins 30 km (aller).

Le bénéficiaire doit percevoir un salaire net inférieur ou égal à deux fois le Smic (2347,20 euros net) et ne pas vivre dans une zone desservie par des transports urbains. Les personnes aux horaires décalés, les apprentis, les travailleurs handicapés ou les personnes ayant des lieux de travail variables peuvent aussi toucher l’ATP.

L’aide peut être demandée directement en ligne. Cette démarche doit être attestée par l’employeur, le cachet de l’entreprise faisant foi, selon la Voix du Nord. L’ATP est versée chaque trimestre, directement sur le compte du bénéficiaire.

Combien ça coûte ?

En 2017, près de 15 000 demandes ont été acceptées par le conseil régional des Hauts-de-France, pour un montant total d’environ 2,8 millions d’euros. Le dispositif a été reconduit en 2018, avec un budget annuel de 3,4 millions d’euros.

Le président Macron a déclaré ce mardi que les montants alloués dans le cadre de l’ATP seraient défiscalisés, sans donner plus de précisions. Une façon d’essayer de rassurer les ménages… sans que cela ne pèse sur le budget de l’Etat.

 

Source : Par Pascal JALABERT et Monique RAUX | et Europe 1