La qualité de vie au travail, QVT : késako ?
Dialogue entre militants :
On vient de stopper la négo sur la QVT. Le taulier l'avait commencée avec les DS mais
maintenant, il attend les élections à venir du CSE.
Ne te plains pas. Le mien s'en fout des RPS. De toute façon un accord QVT, nous on n'en veut
pas !
Pourtant l'ANACT le conseille !
Bienvenue dans le monde merveilleux des acronymes ! Il est devenu fréquent d'employer QVT pour
parler de qualité de vie au travail. Une manière d'ajouter du flou sur une expression qui n'en manque
pas.
L'ouverture de négociations sur « la qualité de vie au travail » fut une réponse aux risques psychosociaux (RPS), l'expression évoquant pudiquement la souffrance au travail. L'émotion qu'ont
provoquée les suicides au travail nécessitait une réponse. Il est compréhensible que des élus du
personnel se soient saisis de « la qualité de vie au travail » comme d'une tentative de prise en charge
de la détresse des travailleurs.
Il n'est pas dans la nature de cette rubrique que de se prononcer sur le bien-fondé de cette
démarche. Contentons-nous d'interroger l'expression. L'insertion du terme « vie », entre qualité et
travail, ne proscrit-il pas habilement la question de l'organisation du travail, de son sens, du potentiel
pouvoir d'agir des travailleurs pour ne rester que sur la notion d'environnement? Allons-nous gérer le risque, apprendre à vivre avec, ou bien l'éviter comme l'imposent les principes de prévention ?
Nous avons eu l'occasion dans une précédente rubrique d'évoquer la notion de « qualité du travail »,
soulignant que « progressivement, le mot qualité, s'éloignant toujours plus du travail bien fait, finit
par signifier uniquement le respect total de la prescription ».
Or il ne peut pas y avoir de réelle santé au travail sans que chacun puisse donner sens à ce qu'il fait et
le mettre en débat avec les autres. Il n'est pas impossible qu'un accord sur la qualité de vie au travail
aborde cela. Dans la «littérature» sur la QVT, rares sont les évocations de la santé des salariés, au
profit de celle du marché et de l'entreprise.
Une fois n'est pas coutume, volons au secours des patrons en les libérant de cette « lourde charge » :
plutôt que de s'occuper de la vie au travail, proposons-leur de se centrer sur ce à quoi la loi les oblige
en termes de réponse « aux besoins intellectuels et psychologiques des salariés dans l'exercice de
leur travail » (art. 4, ANI 17 mars 1975). Pour ce qui est de la qualité de vie des salariés dans et hors
de l'entreprise, écoutons la curiosité et l'intelligence de chacun et développons avec eux les
possibilités d'y contribuer. Les activités sociales et culturelles peuvent en fournir l'espace.