La confédération CGT a estimé que le gouvernement « renvoie beaucoup de responsabilités aux collectivités territoriales, aux personnels de l'éducation nationale et de la petite enfance, mais également aux citoyens. On demande ainsi aux parents de décider eux-mêmes s'ils doivent envoyer ou non leurs enfants à l'école avec ce dilemme : la santé des enfants ou la pression des employeurs pour reprendre le boulot. »
La centrale syndicale constate que « la reprise économique reste la priorité du gouvernement, ce qui laisse beaucoup de libertés aux entreprises, sans réelles garanties sanitaires ou de droits pour ceux qui travaillent. La référence aux guides de bonnes pratiques mises en œuvre dans les branches est proprement déplacée. Par contre, aucun mot pour remettre en cause les ordonnances prévoyant l'augmentation du temps de travail ou le vol des congés payés et des repos. »
Quelles mesures sociales ?
Tout entier consacré aux mesures de déconfinement, le discours d'Édouard Philippe est resté silencieux sur les mesures sociales alors qu'une progression massive du nombre de demandeurs d'emploi (+7,5 %) a été annoncée. La CGT a estimé dans son communiqué qu'il y a « besoin de prolonger et de renforcer le chômage partiel pour que la pression de la fin du mois ne soit pas la contrainte de la reprise du travail ».
La CGT Éduc’action se dit consternée
C'est avec « consternation » que la CGT Éduc’action a pris connaissance des annonces du Premier ministre concernant la réouverture des écoles dans le cadre du déconfinement contre l'avis du Conseil scientifique et de l'INSERM.
« Il serait temps que ce gouvernement cesse de se moquer des personnels, des familles et de l'ensemble de la population. Seuls les enfants de moins de 14 ans sont censés reprendre le chemin de l'école en mai. Il est donc évident que l'unique priorité qui guide ces choix est de permettre la garde d'enfants pour favoriser la reprise du travail des parents. En revanche, le Premier ministre n'a livré quasiment aucune information sur les moyens permettant cette réouverture sans mettre en danger les élèves, leurs familles, les personnels et sans provoquer une seconde vague de l'épidémie », proteste la CGT Éduc’action qui exige « l'abandon de cet objectif du 11 mai ».
« On ne comprend plus rien : on a un discours de prudence sur tout sauf sur l'école. Pourquoi faut-il se dépêcher de rouvrir les classes de maternelle et primaire, alors que ce sont des lieux de grande promiscuité », s'interroge Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp-FSU. Et d'ajouter : « on nous dit que c'est 10 personnes maximum partout, et en classe c'est 15, on dit non ».
« On demande des précisions sur le protocole sanitaire », poursuit-elle. Pour Stéphane Crochet, secrétaire général de SE-Unsa, « la reprise pour les écoles, telle que présentée, est inacceptable et impossible. Il y a zéro cadre sanitaire ».
Les cheminots restent sur leur faim
À la SNCF, les syndicats sont restés « sur leur faim » après le discours d'Édouard Philippe à l'Assemblée sur les modalités du déconfinement. « Le Premier ministre a annoncé des décisions, ce qui écarte un certain nombre d'hypothèses. Mais les moyens pour parvenir à appliquer ces décisions sont toujours inconnus », a souligné auprès de l'AFP Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots.
« L'application de la distanciation sociale dans les trains va nécessiter beaucoup d'effectifs pour filtrer et organiser les flux. Aurons-nous ces effectifs et pourrons-nous éviter les attroupements notamment dans les grandes gares ? », s'est-il interrogé. Le port du masque sera obligatoire, mais qui va payer, distribuer, « contrôler ces masques ? », se demande aussi le responsable de la CGT cheminots.
« Aujourd'hui, le cadrage est très loin d'être clair. Ce n'est pas assez précis, mis à part le port obligatoire du masque qui est une bonne chose. Pour le reste, on ne sait pas comment on va faire », a relevé Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail. Comment, par exemple, « contrôler ou empêcher l'accès aux trains, verbaliser les voyageurs sans masque ? C'est du domaine de la police, les contrôleurs n'ont pas ce pouvoir », a-t-il ajouté.