Chroniques du coronavirus

Chroniques du coronavirus : rentrée des classes le 11 mai, une décision hors sol ?

PUBLIÉ LE 20 AVR 2020
 
 
Emmanuel Macron a annoncé une réouverture progressive des écoles dès le 11 mai, lors de son allocution du 13 avril. Une décision qui inquiète le personnel de l'éducation nationale. En effet, rien ne prouve que les conditions sanitaires seront réunies pour garantir une reprise des cours en toute sécurité.

En annonçant une reprise des classes le 11 mai pour les élèves du primaire et du secondaire — les élèves du supérieur reprendront quant à eux le chemin de l'université en septembre —, le Président a suscité une vive inquiétude dans la communauté enseignante. En effet, les premières annonces semblent encore peu concrètes et très éloignées des capacités matérielles de l'État.

La sécurité sanitaire doit être une priorité

« Le ministre (Jean-Michel Blanquer) a reçu les organisations, il nous a dit : “nous devons reprendre le 11, j'écoute vos propositions”. Ils n'ont pas de plan… Il y a un reversement des responsabilités vraiment inique », estime Marie Buisson, secrétaire générale de la Ferc-CGT, selon qui « personne n'est fondamentalement opposé à reprendre ».

Nombre d'enseignants ont en effet conscience que le report de la rentrée à septembre creuserait encore les inégalités, il n'en demeure pas moins que la sécurité sanitaire doit être une priorité : « La rentrée doit être repoussée tant que les conditions sanitaires ne sont pas garanties. On ne veut pas être l'outil de relance de l'économie, au détriment de la santé de tous et toutes. Notre mission, c'est d'enseigner, pas de faire garderie. C'est de nouveau une négation de notre mission. Il y a en plus un chantage insupportable. On nous dit : “les élèves les plus fragiles vont être les plus pénalisés par un report de la rentrée”, alors que ce sont justement ces élèves qui étaient les premières victimes des dernières réformes. Et soudain, ils se préoccupent de ces gamins ! ».

Aucune garantie

Pour l'heure, rien ne garantit que l'Éducation nationale et les collectivités territoriales seront en capacité d'avoir d'ici un mois à disposition des stocks suffisants de matériel de protection et de tests pour équiper les établissements et garantir la santé de tous et toutes alors même que les besoins actuels ne sont ni garantis, ni couverts dans les centres hospitaliers, les Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) ou pour toute autre profession travaillant encore actuellement.

Dans un communiqué, la CGT Éduc'action alerte : comment imaginer que les équipes pédagogiques seront en capacité d'aménager des espaces d'étude alors même que les classes sont déjà trop petites ou surchargées ? Comment imaginer que des élèves après deux mois de confinement, seront en capacité de respecter de façon maximale les mesures de distanciation sociale ?

« 40 % des établissements sont sous-dotés en points d'eau, dans certains établissements les conditions d'hygiène ne sont pas assurées, même hors crise sanitaire, les classes sont surchargées (30 à 35 élèves par classe au lycée, ndr). Nos revendications demeurent les mêmes qu'avant : moins d'effectifs par classe, le recrutement de plusieurs dizaines de milliers d'enseignants, une médecine scolaire et une médecine du travail à la hauteur des besoins de l'éducation nationale », expose Marie Buisson.

Des mesures indispensables

Pour envisager une reprise, la CGT Éduc’action exige un certain nombre de mesures : des tests (du virus et de l'immunité) généralisés pour élèves et adultes, des effectifs permettant de maintenir partout plus d'un mètre de distance entre chacun et chacune (en classe, dans la cour, les transports…), des masques renouvelés toutes les 4 h, du savon et du gel, des sanitaires propres, ainsi que des objectifs pédagogiques pour la reprise.


Je travaille dans l’agro, ma copine en milieu hospitalier, je n’ai pas le droit de prendre mon arrêt dû au coronavirus parce que mon enfant de 2 mois et demi n’est pas inscrit quelque part... Crèche par exemple ?
Effectivement, le versement d’indemnités journalières de la Sécurité sociale pour garde d’enfant n’est possible que si le télétravail n’est pas possible et si l’enfant de moins de 16 ans est scolarisé dans un établissement scolaire ou crèche fermé. Dans votre cas, étant donné que votre bébé n’a que 2 mois et demi, plusieurs pistes semblent possibles :


•trouver une assistante maternelle : elles sont autorisées à garder les enfants de moins de 3 ans durant la période de confinement et il s’agit d’une autorisation dérogatoire de déplacement, cela devrait être d’autant plus facilité car votre compagne étant personnel soignant, vous êtes alors prioritaires pour la garde. renseignez-vous auprès du relais d’assistante maternelle de votre ville 

• demander à votre employeur d’être mis en télétravail afin de garder votre enfant 


•si votre compagne travaille en milieu hospitalier, et qu’elle n’est pas réquisitionnée, elle pourrait demander à son employeur de bénéficier d’une autorisation spéciale d’absence (si elle travaille dans la Fonction publique hospitalière) afin de garder votre enfant.
Bonjour, besoin de conseils… Une entreprise autorisée à ouvrir selon le décret gouvernemental mais qui décide de rester fermée pour protéger ses salariés et la population pourra-t-elle quand même bénéficier du chômage partiel ?
Un arrêté du 16 mars 2020 a listé les établissements « non indispensables » qui sont obligés de fermer en raison de l’épidémie de Covid-19. Il s’agit notamment des salles de spectacles, restaurants et bars, musées, établissements sportifs, etc. Les autres entreprises sont autorisées à continuer d’ouvrir leurs portes et de faire travailler leurs salariés.
Ces entreprises peuvent toutefois décider de cesser leurs activités pour diverses raisons : sécurité des salariés, baisse des commandes… Pour permettre à ces entreprises de fermer sans qu’elles se mettent dans une situation difficile d’un point de vue financier, le gouvernement a élargi les conditions légales de recours au dispositif d’activité partielle (anciennement appelé chômage partiel).