Syndicats et patronat unis contre les propos d’Emmanuel Macron

Syndicats et patronat unis contre les propos d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron n’a eu besoin que de quelques mots teintés d’acide pour ressouder des organisations patronales et syndicales, qui venaient de s’entre-déchirer sur l’assurance-chômage. Jeudi 21 février, devant les présidents de départements réunis à l’Elysée, le chef de l’Etat a ironisé sur l’échec de la négociation, que les partenaires sociaux avaient acté, la veille, à propos du régime d’indemnisation des demandeurs d’emploi. « On est dans un drôle de système ! Chaque jour, dans le pays, on dit : “Corps intermédiaires, démocratie territoriale, démocratie sociale, laissez-nous faire”, s’est-il exclamé. Et quand on donne la main, on dit : “Mon bon monsieur, c’est dur, reprenez-la.” Et le gouvernement va devoir la reprendre, car on ne peut pas avoir un déficit cumulé sur le chômage, comme on a depuis tant d’années. »

Ceux qui étaient visés par ces sarcasmes n’ont pas du tout apprécié. « Menteur »« manipulateur », a riposté la CGT, vendredi dans un communiqué, en ciblant le président de la République. Fait plutôt inhabituel, le Medef a, lui aussi, réagi en des termes virulents, son numéro un, Geoffroy Roux de Bézieux, fustigeant « la lâcheté [de] l’Etat, [qui] fixe toutes les règles, mais veut faire endosser les décisions par les autres ». Une allusion à la feuille de route que Matignon a transmise, fin septembre 2018, aux congfédérations de salariés et d’employeurs pour cadrer leurs discussions en vue d’une nouvelle convention Unédic – l’association paritaire qui gère l’assurance-chômage.

Beaucoup de concessions

Ce document fixe des objectifs difficiles à avaler pour les protagonistes : d’un côté, des économies de 3 à 3,9 milliards d’euros en trois ans, dénoncées par les leaders syndicaux au motif qu’elles vont amputer les droits des chômeurs ; de l’autre, la volonté de combattre la prolifération des contrats courts, qui donne des sueurs froides aux organisations d’employeurs car elles craignent une hausse du coût du travail. Sur ce deuxième volet, la lettre de cadrage ne mentionne pas l’idée du bonus-malus – un mécanisme qui majore les cotisations des entreprises dont le personnel tourne beaucoup – mais M. Macron a récemment réaffirmé son intention de mettre en œuvre cette promesse de campagne. Autrement dit, l’exécutif demandait beaucoup de concessions aux deux parties. Beaucoup trop, même, au goût de celles-ci.

Source : Par Cédric Pietralunga, Bertrand Bissuel et Raphaëlle Besse Desmoulières Le Monde