Une filiale d'Engie prise dans un scandale de corruption en Espagne

Une filiale d'Engie prise dans un scandale de corruption en Espagne

L'entreprise Cofely est soupçonnée d'avoir été l'une des pièces clefs dans un des réseaux de financement occulte du PP, le parti de Mariano Rajoy.

L'entreprise française Cofely a-t-elle contribué à financer illicitement le Parti populaire ? C'est ce que cherche à déterminer le juge d'instruction chargé d'une enquête sur une affaire de corruption liée à des responsables du parti. Spécialisée dans l'efficience énergétique, la compagnie en question - alors filiale de GDF Suez, aujourd'hui filiale d'Engie - se trouve sous les projecteurs de la justice espagnole. Selon l'enquête, toujours en cours, elle aurait en effet participé à des appels d'offres truqués, rédigés sur mesure pour lui permettre de décrocher des contrats avec les municipalités avec, en retour, le versement de commissions.

Machine bien rodée

Au moment où l'affaire avait éclaté, en octobre 2014, les dirigeants en Espagne de l'entreprise française, licenciés depuis, avaient gardé le silence. Trois ans plus tard, deux d'entre eux viennent de passer aux aveux devant le juge d'instruction, décrivant les rouages d'une machine bien rodée. Selon les informations qui ont filtré dans la presseespagnole, ils ont expliqué comment l'entreprise avait décroché des contrats de gestion énergétique dans une douzaine de communes de la région, représentant une somme globale de 300 millions d'euros, accompagnés de « mordidas » (pots-de-vin) de l'ordre de 3 %.

Services fictifs

L'entreprise disposait selon eux d'un fonds pour acheter les élus locaux et décrocher les marchés, camouflé dans les comptes sous forme de « frais de réussite », « dépenses d'exécution », « frais de gestion de projet » ou encore d'audits de contrôle et d'enquête de qualité des services. Le montant des commissions versées était récupéré ensuite en gonflant le montant total des contrats signés, et des sommes, maquillées sous forme de services fictifs, étaient reversées à des sociétés écran liées à l'entourage de Francisco Granados, le dirigeant du PP qui tirait les ficelles du réseau. Les deux anciens de Cofely auraient assuré au magistrat que leurs supérieurs étaient avertis en cas de grosses sommes à verser. Le butin récolté auprès des entreprises aurait atterri dans la poche des élus locaux corrompus et dans celles d'une série d'intermédiaires. Il aurait aussi servi à financer des meetings et frais de campagne pour le Parti populaire.

L'affaire en question n'est que l'une des facettes desmultiples scandales de corruption concernant des responsables du PP de Madrid ces dernières années, et qui ont conduit à la démission de la femme forte du parti dans la région, Esperanza Aguirre, ainsi qu'à la mise en détention préventive de ses plus proches collaborateurs, Ignacio González et Francisco Granados. C'est ce dernier qui aurait tiré les ficelles du réseau où se trouve impliqué Cofely.

 
Cécile Thibaud
 Correspondante à Madrid
Source : Cécile Thibaud Correspondante à Madrid Les Echos.fr