L’ÉTAT DES LIEUX
Le chômage, c'est le mal français. Jamais redescendu sous la barre des 7 % depuis 1983. Il est aujourd'hui perché à 9,6 % alors que l'Allemagne et le Royaume-Uni sont au plein-emploi. En cause, un droit social complexe qui freine les embauches. Cette rigidité a engendré un marché du travail " dual " avec des emplois très protégés et d'autres très précaires, en particulier chez les jeunes. Résultat, la France est devenue la championne des CDD (voir graphique) et 87 % des embauches se font avec ce type de contrat de travail.
François Hollande a fait des avancées discrètes et dans la douleur. Outre la réforme du Code du travail, jugée timorée par de nombreux experts, l'ex-président a axé sa politique de l'emploi sur les baisses de charges pour les entreprises via le Crédit d'impôt pour l'emploi et la compétitivité (CICE) et le Pacte de responsabilité. Mais Hollande a fait une grave erreur. Lorsqu'il a lancé le CICE, sa mesure phare, il n'a pas pris en compte l'avis des spécialistes du marché du travail. " Les baisses du coût du travail pour des salaires entre 1 et 2,5 smic sont peu efficaces. Et toutes les études empiriques ont montré que les allégements de charges à ce niveau de rémunération sont affectés, pour l'essentiel, à des hausses de salaires ", soulignait Pierre Cahuc dès 2012 dans Challenges. L'évaluation du dispositif a confirmé sa prédiction : selon France Stratégie, le dispositif aurait " créé ou sauvegardé " entre 50 000 et 100 000 jobs, en 2013-2014 pour un coût faramineux de 28,7 milliards d'euros sur cette période.
Autre réforme importante, le compte personnel d'activité, qui attache certains droits sociaux aux personnes et non plus aux statuts, constitue une innovation face à l'ubérisation de l'économie. Mais ce dispositif contenu dans la loi Travail est, pour l'instant, une quasi-coquille vide qui comprend seulement les droits à la formation.
La loi sur la sécurisation de l'emploi de 2013 s'est, quant à elle, attaquée aux plans sociaux, en simplifiant les procédures de licenciements collectifs. Désormais, le chef d'entreprise peut signer un accord avec les syndicats majoritaires pour organiser le plan social ou faire une demande d'homologation à l'administration. Et les délais pour contester les plans sociaux devant la justice sont raccourcis, ce qui réduit le risque juridique pour l'entreprise.